L’été est fini, la rentrée approche, vous connaissez l’intitulé de votre cours (parfois seulement ça, parfois un peu plus) : maintenant, il s’agit de savoir ce que vous voulez mettre dedans !
Tâter le terrain
Pour éviter de perdre du temps à préparer vos cours de A à Z, de chercher vos documents alors que vous n’avez peut-être jamais eu, en tant qu’étudiant, le cours que vous vous apprêtez à donner, essayer au maximum de vous mettre en contact avec les enseignants qui l’assuraient les années précédentes. Vous pouvez en général trouver leurs noms dans la brochure de votre formation, ou sur le site Internet de votre Université. Il est possible qu’ils aient une adresse associée au nom de domaine de votre Université (du style « nom. prénom@universitéX.fr »), mais vous pouvez aussi essayer de l’obtenir via le secrétariat de votre UFR ou département, en vous présentant comme enseignant•e, ou votre directeur/trice… Si on vous répond, cela vous permettra de gagner pas mal de temps. Mais sinon, pas de panique ! C’est d’ailleurs aussi à cela que sert le RIDE : écrivez nous, on essaiera de vous mettre en contact avec quelqu’un qui (connaît quelqu’un qui…) pourra vous éclairer un peu.
Des conseils, des astuces donnés autour d’un café, quelques supports de cours, un programme, une biblio, tout ça aide BEAUCOUP quand on s’apprête à enseigner à l’université pour la première fois. Essayez donc de vous entourer le plus possible, car l’enseignement ne s’apprend pas vraiment dans les livres: c’est beaucoup une question d’expérience.
Définir son style
Même si vous avez récupéré tout ou partie du contenu de votre cours, vous n’allez pas forcément avoir envie (si vous avez le choix ! certains seront plus orientés que d’autres par leur professeur référent) de tout réutiliser tel quel, dans le même ordre. Vous pouvez avoir envie d’ajouter des références, des types d’exercices, ou juste d’instaurer un certain style de fonctionnement. Bien sûr, il n’est pas évident que ce que vous vous dites à la rentrée sera la même chose à la fin de l’année ! Vous verrez avec la pratique…
Mais vous pouvez réfléchir dès maintenant à quelques questions qui vont orienter votre cours :
•quel est son objectif ? Vous pourrez expliquer à vos étudiants quel est le lien avec leur formation, à quoi, de façon très pratique, il va leur servir, quel est le lien avec le CM s’il y a… Formuler cet objectif va vous permettre, à vous, de savoir où vous voulez aller, quels points sont à approfondir, dans quels autres vous devez éviter de vous perdre…
•comment voulez-vous travailler ? Souhaitez-vous un contenu plutôt en interactif, plutôt en mode CM, plutôt sur des textes, plutôt de la pratique ? Un peu de tout ? Bien sûr, ce que vous enseignez définit déjà un peu le cadre de votre cours : si on vous demande de donner des exercices d’application en Algèbre, vous avez moins de latitude. Mais par exemple :
P. a hérité (quelle chance!) de cours de grammaire à enseigner à des étudiants de L1 psychologie. Au lieu de s’en tenir à des tableaux et des leçons arides, elle a préféré adapter son contenu et l’orienter « psychologie » en le faisant graviter autour de textes sur la folie par exemple, mais a aussi invité ses étudiants à s’interroger sur le langage « internet » en explorant Twitter et Facebook. Les étudiants devaient retenir les cinq fautes les plus irritantes qu’ils rencontrent sur le net, puis les discuter en classe. Cet atelier a permis de générer une véritable interactivité en classe.
Selon M.Brauer (Enseigner à l’université), « un enseignement est efficace s’il implique de l’ « apprentissage actif ». En d’autres termes, plus les étudiants participent activement au processus d’apprentissage, plus ils mémorisent le matériel (Meyers & Jones, 1993) ».
E. raconte « à la fin de l’année, quand ils m’ont rendu le questionnaire que je leur ai fait passer [nous y reviendrons dans un autre article !], ce que j’ai lu a confirmé ce que j’avais vu pendant l’année : les moments où je faisais de la théorie ne passaient pas. Du coup, j’ai pensé à de petits exercices, des mises en situation, ou des textes qui leur faisaient approcher les concepts, et ils s’en rappelaient mieux. »
Une fois face à la classe, vous serez seul•e à réellement décider de l’ambiance de celle-ci, alors n’hésitez pas à vous positionner sur ce que vous pensez être une bonne atmosphère de travail.
•de quoi voulez-vous parler ? Sauf si vous avez un référent très présent qui vous oriente et vous encadre beaucoup, vous pouvez être très libre dans les thèmes à aborder, les exercices à faire...
Le plus sympathique est souvent de travailler avec des œuvres, des textes, des thèmes qui vous plaisent à vous, qui vous ont parlé en tant qu’étudiant et que jeune chercheur : il est plus facile de s’investir dans quelque chose qui nous plaît !
Sentez-vous libre de “recycler” vos connaissances liées à votre thèse ou vos années d’étude précédentes.
Mais vous, vous pouvez.
Si vous abordez des connaissances que vous ne maîtrisez pas, essayez de faire un lien avec vos recherches : faites “utile” !
M : « La première année, j’avais un cours d’analyse de texte, le truc que je n’avais jamais fait avant… Comme c’était pas une matière franchement passionnante, j’ai choisi de leur faire étudier des textes de ma discipline, en lien avec leur formation, qui pouvait leur servir, mais me servir à moi aussi. ».
•comment voulez-vous évaluer ? A quelle fréquence, selon quelles méthodes ? Souhaitez-vous imposer des examens ponctuels, définis ou surprise (sur des questions de cours), ou préférez-vous une évaluation au fur et à mesure (ex: compte rendu de séance) ?
Prenez le temps de définir ce que vous voulez et ce que vous pouvez faire : trouver le juste milieu entre ce qui est faisable (et ne vous mangera pas tout votre temps) et intéressant pour vous et les étudiants. Attention, parfois, votre département dispose d'une « brochure » avec le descriptif de votre cours et des modalités d'évaluation – elle se trouve en général sur le site de votre université puisqu'elle est destinée aux étudiants. Pensez à la consulter, et éventuellement à demander à vos collègues dans quelle mesure vous devez vous y conformer (parfois, c'est l'enseignant•e qui vous a précédé qui a établi ces modalités).
L'important est d'être au premier cours le plus clair possible avec les étudiants, qui sont souvent préoccupés par cette question de la notation. Si vous êtes prêt•e à répondre à cette question de façon claire dès le début, c'est mieux!
Le syllabus
L’idéal, pour mettre au point les objectifs du semestre et les conditions du cours, c’est d’écrire un “syllabus”. Beaucoup pratiqué outre-atlantique, le syllabus est une sorte de « « contrat » entre enseignant et étudiants, qui spécifie ce que chaque partie peut attendre de l’autre (Johnson, 1995). Dans la plupart des cas, ce contrat prendra la forme d’un « syllabus » » (Brauer). Distribué au début du premier cours, il :
•résume l’objectif et l’intitulé du cours
•offre parfois un calendrier du semestre selon les thèmes abordés
• précise les modalités d’évaluation, en précisant parfois les dates butoirs des travaux à rendre
•établit un “code disciplinaire” en rappelant ce qui est admis en classe, et ce qui ne l’est pas.
• prévoit éventuellement un système de sanction en cas de non respect des règles.
Le syllabus peut ainsi paraître assez autoritaire et acétique, mais il offre en vérité l’occasion pour le professeur et ses étudiants de savoir exactement à quoi s’attendre pour le reste du semestre.
Dans la partie « Ressources » du site (accessible si vous êtes connectés sur votre compte), vous trouverez quelques exemples de syllabus
La « philosophie d'enseignement »
Vous pouvez, si vous le souhaitez, vous adresser directement à vos étudiants pour leur expliquer votre façon de faire et de voir l'enseignement à l'université. Nous vous renvoyons ici vers cet article du très utile blog Pédagogie Universitaire, qui développe cet outil : http://pedagogieuniversitaire.wordpress.com/2013/07/05/lettre-a-mes-etudiant-e-s/.
Oui, et concrètement?
Dans la partie "Ressources", vous pourrez trouver un exemple de déroulement d'un premier cours et notamment de la première "prise de contact" avec les étudiants, et comment leur exposer les grandes orientations de votre enseignement.
Sur ces quelques conseils, bon courage pour ce premier cours !
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