par Melonie Fullick
La période de novembre à mars semble propice à l’épuisement aux cycles supérieurs. Dans certains cas, il s’agit d’un état saisonnier : on s’engouffre dans le stress et la fatigue pour n’en ressortir que quelques mois plus tard. Toutefois, au-delà de la déprime d’hiver, il semble que la dépression clinique, l’angoisse et autres problèmes de santé mentale soient de plus en plus fréquents chez les étudiants aux cycles supérieurs.
Quand j’ai demandé à une collègue étudiante ce qu’elle en pensait, elle m’a répondu : « on dirait que tout le monde que je connais à l’université est déprimé ». À une autre occasion on m’a révélé que « tout le monde » passe par une sorte de break-down au cours de ses études de doctorat.
En décembre dernier, j’ai donc posé la question sur Twitter et affiché sur mon blogue (Speculative Diction) un article qui traite des doctorants, de la dépression et de l’abandon. L’article a suscité une réaction en ligne si vive du milieu universitaire que plus de 5 000 visites et des dizaines de commentaires ont été reçus en trois jours – un record pour le site Web d’Affaires universitaires qui héberge mon blogue.
La dépression chez les étudiants aux cycles supérieurs serait-elle un problème qui ne touche que quelques cas isolés, ou serait-elle plutôt un problème structurel (et normalisé) grave? Si tel est le cas, pourquoi est-ce que personne n’en parle?
Voici quelques exemples de cas de problème structurel. Aux cycles supérieurs, les étudiants ont une charge de travail plus importante qu’au premier cycle et se retrouvent, souvent pour la première fois, avec des étudiants qui ont les mêmes aptitudes qu’eux. Ces facteurs peuvent donner lieu à ce qu’on appelle le « syndrome de l’imposteur », un sentiment par lequel le sujet a l’impression qu’on va se rendre compte qu’il n’est pas réellement intelligent. À l’instar d’adultes placés en position subordonnée, certains doctorants se sentent infantilisés alors même qu’on attend d’eux qu’ils se construisent une identité professionnelle.
En ce qui concerne l’expérience universitaire étudiante au niveau du doctorat, l’accent est mis sur la transition vers le travail autonome, ce qui représente souvent un nouveau défi. Des limites floues en termes de responsabilités peuvent créer chez certains étudiants, qui ne savent pas exactement quelle aide peut leur offrir leur superviseur, un sentiment d’insécurité. Le doute qui en découle est aggravé par l’isolement dans lequel vivent les doctorants surtout vers la fin de leurs études.
Certains commentateurs sur mon blogue ont aussi évoqué l’image qui est perçue du doctorant idéal, ainsi que de la culpabilité et du doute ressenti par un doctorant qui ne se conforme pas à cet idéal. Ce sentiment d’insécurité peut aussi être exacerbé par la solitude et le manque apparent de structure dans les activités.
Les programmes aux cycles supérieurs, au Canada comme ailleurs, ont connu une hausse des inscriptions sans pour autant que le nombre de professeurs superviseurs ou le financement aient proportionnellement augmenté. Ainsi, le nombre insuffisant de superviseurs donne lieu à une concurrence entre étudiants pour obtenir du mentorat et de l’appui, et le peu de postes de professeurs disponibles dans les universités accroît la concurrence entre étudiants; toutes des circonstances pouvant être déprimantes et stressantes.
Bien qu’une proportion relativement faible de titulaires de doctorat obtiennent des postes permanents de professeurs, dans beaucoup de programmes d’études on continue de croire que les étudiants devraient se diriger vers des carrières universitaires axées sur la recherche. Avec une perception aussi étroite de la réussite, il est facile de vivre un sentiment d’échec.
Parallèlement aux pressions professionnelles, certaines situations personnelles difficiles, dont personne n’est à l’abri, peuvent complètement déstabiliser les études (et la vie) – une rupture ou un divorce, par exemple, peuvent être le résultat de problèmes relationnels causés par la vie universitaire.
Le silence oppressant dans lequel baigne ce contexte représente un grave problème. Plusieurs ont indiqué dans leurs commentaires sur mon blogue que le fait de ne pas reconnaître et de ne pas discuter ouvertement de la dépression et des questions de santé mentale est le pire des problèmes, car le silence empêche les étudiants d’aller chercher de l’aide auprès de l’université ou de leurs pairs.
Ce n’est pas une coïncidence si un silence comparable entoure la question de l’abandon des études à ce niveau. Pourtant, vu les taux élevés d’abandon et le coût des études aux cycles supérieurs, on pourrait s’attendre à trouver de nombreuses études sur les raisons pour lesquelles l’abandon est si fréquent. Selon le chercheur Chris Golde de l’Université Stanford, si nous possédons peu d’information c’est en partie parce que l’abandon est mal vu par toutes les parties en cause (qui rejettent la responsabilité de cet échec sur l’étudiant).
Nous devrions nous demander combien d’étudiants abandonnent pour des raisons de santé mentale et les effets connexes exacerbés par le désarroi psychologique propre à la structure du doctorat – et combien de ces situations pourraient être évitées.
La période de novembre à mars semble propice à l’épuisement aux cycles supérieurs. Dans certains cas, il s’agit d’un état saisonnier : on s’engouffre dans le stress et la fatigue pour n’en ressortir que quelques mois plus tard. Toutefois, au-delà de la déprime d’hiver, il semble que la dépression clinique, l’angoisse et autres problèmes de santé mentale soient de plus en plus fréquents chez les étudiants aux cycles supérieurs.
Quand j’ai demandé à une collègue étudiante ce qu’elle en pensait, elle m’a répondu : « on dirait que tout le monde que je connais à l’université est déprimé ». À une autre occasion on m’a révélé que « tout le monde » passe par une sorte de break-down au cours de ses études de doctorat.
En décembre dernier, j’ai donc posé la question sur Twitter et affiché sur mon blogue (Speculative Diction) un article qui traite des doctorants, de la dépression et de l’abandon. L’article a suscité une réaction en ligne si vive du milieu universitaire que plus de 5 000 visites et des dizaines de commentaires ont été reçus en trois jours – un record pour le site Web d’Affaires universitaires qui héberge mon blogue.
La dépression chez les étudiants aux cycles supérieurs serait-elle un problème qui ne touche que quelques cas isolés, ou serait-elle plutôt un problème structurel (et normalisé) grave? Si tel est le cas, pourquoi est-ce que personne n’en parle?
Voici quelques exemples de cas de problème structurel. Aux cycles supérieurs, les étudiants ont une charge de travail plus importante qu’au premier cycle et se retrouvent, souvent pour la première fois, avec des étudiants qui ont les mêmes aptitudes qu’eux. Ces facteurs peuvent donner lieu à ce qu’on appelle le « syndrome de l’imposteur », un sentiment par lequel le sujet a l’impression qu’on va se rendre compte qu’il n’est pas réellement intelligent. À l’instar d’adultes placés en position subordonnée, certains doctorants se sentent infantilisés alors même qu’on attend d’eux qu’ils se construisent une identité professionnelle.
En ce qui concerne l’expérience universitaire étudiante au niveau du doctorat, l’accent est mis sur la transition vers le travail autonome, ce qui représente souvent un nouveau défi. Des limites floues en termes de responsabilités peuvent créer chez certains étudiants, qui ne savent pas exactement quelle aide peut leur offrir leur superviseur, un sentiment d’insécurité. Le doute qui en découle est aggravé par l’isolement dans lequel vivent les doctorants surtout vers la fin de leurs études.
Certains commentateurs sur mon blogue ont aussi évoqué l’image qui est perçue du doctorant idéal, ainsi que de la culpabilité et du doute ressenti par un doctorant qui ne se conforme pas à cet idéal. Ce sentiment d’insécurité peut aussi être exacerbé par la solitude et le manque apparent de structure dans les activités.
Les programmes aux cycles supérieurs, au Canada comme ailleurs, ont connu une hausse des inscriptions sans pour autant que le nombre de professeurs superviseurs ou le financement aient proportionnellement augmenté. Ainsi, le nombre insuffisant de superviseurs donne lieu à une concurrence entre étudiants pour obtenir du mentorat et de l’appui, et le peu de postes de professeurs disponibles dans les universités accroît la concurrence entre étudiants; toutes des circonstances pouvant être déprimantes et stressantes.
Bien qu’une proportion relativement faible de titulaires de doctorat obtiennent des postes permanents de professeurs, dans beaucoup de programmes d’études on continue de croire que les étudiants devraient se diriger vers des carrières universitaires axées sur la recherche. Avec une perception aussi étroite de la réussite, il est facile de vivre un sentiment d’échec.
Parallèlement aux pressions professionnelles, certaines situations personnelles difficiles, dont personne n’est à l’abri, peuvent complètement déstabiliser les études (et la vie) – une rupture ou un divorce, par exemple, peuvent être le résultat de problèmes relationnels causés par la vie universitaire.
Le silence oppressant dans lequel baigne ce contexte représente un grave problème. Plusieurs ont indiqué dans leurs commentaires sur mon blogue que le fait de ne pas reconnaître et de ne pas discuter ouvertement de la dépression et des questions de santé mentale est le pire des problèmes, car le silence empêche les étudiants d’aller chercher de l’aide auprès de l’université ou de leurs pairs.
Ce n’est pas une coïncidence si un silence comparable entoure la question de l’abandon des études à ce niveau. Pourtant, vu les taux élevés d’abandon et le coût des études aux cycles supérieurs, on pourrait s’attendre à trouver de nombreuses études sur les raisons pour lesquelles l’abandon est si fréquent. Selon le chercheur Chris Golde de l’Université Stanford, si nous possédons peu d’information c’est en partie parce que l’abandon est mal vu par toutes les parties en cause (qui rejettent la responsabilité de cet échec sur l’étudiant).
Nous devrions nous demander combien d’étudiants abandonnent pour des raisons de santé mentale et les effets connexes exacerbés par le désarroi psychologique propre à la structure du doctorat – et combien de ces situations pourraient être évitées.
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