Thérapie : la dépression au doctorat

On connait tous parfois des états de « dépression », pensant que l’on sait le pourquoi de la chose, le pourquoi de cette tristesse, le pourquoi de cette impuissance, le pourquoi de ce malaise, on devrait reprendre nos attributs de chercheur et dire comment on ressent cette dépression ?
La déprime est un moment où l’on s’assoit à ne rien faire, dans un coin, souvent face à notre ordinateur, ressentant une lourdeur des membres, une respiration au ralenti, pas la moindre motivation, même pas pour regarder un petit film. Par des moments semblables, et si l’on a une parcelle de responsabilité, on se lance dans des autoaccusations, une forme de dérision qui justifie un nombre incroyable de préoccupations. On a tendance à dire : « Ce que je vis est dû  à mes erreurs passées, mes choix de formation ne sont pas réussis, j’aurai dû me contenter de la licence, avoir un job, et ensuite encore penser à finaliser mes études, etc. » le malaise continue avec des idées plus lugubres les unes que les autres, et on se lance dans des remords et des accusations à tort et à travers qui semblent si sensées, au point qu’elles s’accaparent de notre attention de prendre le pas sur toute autre activité.-qui nous serait bien plus bénéfique-
Dans certains cas, on pourrait se demander quelle activité pourrait donner un sens à notre vécu tant que ces grandes et majestueuses questions de notre parcours ne sont pas résolues ? Ils nous arrivent souvent de nous laisser distraire un court instant (une ou deux heures, ou toute une après-midi) par nos proches, nos amis. Parfois, on va en ville, pour une petite virée, ou au café déguster un petit café, on se sent bien plus léger. Mais, dés que l’occasion le permet, on replonge à nouveau dans nos marasmes. Tellement d’interrogations sans véritables réponses.
Pour rompre cette chaîne morbide d’autodestruction, et pour éviter d’y sombrer encore plus, on court par un désir de bien faire assister à une conférence, contribuer à une journée d’études, lancer un appel à candidature, on sollicite de part et d’autre certains encouragements. Encore une fois, on côtoie une rumination d’un « discours » ambitieux. Là, on éveille en nous l’anthropologue, le politicien et le zoologue, et certainement le physicien, le mathématicien et le juriste. Ces différentes postures nous aideraient forcément à comprendre le chaos dans lequel –le pense-t’on- vit notre université.
J’aurai souhaité pouvoir élaborer un manuel pour se redresser et évacuer son mal durant une dépression, mais je me contenterai de reprendre en partie les paroles d’un Coach en PNL que j’ai eu le plaisir de côtoyer[1] :
 «Assis toi bien droit, sur le bord d’une chaise, mains sur les cuisses, dans la position la plus confortable qui soit. Laisse toi emporter par les différentes sensations de ton corps, Cherche au plus profond de tes connaissances des mots qui décriraient le plus objectivement ton état. Si plusieurs concepts se bousculent, laisse ton esprit te rappeler tes meilleurs moments, ton premier jour au doctorat, et ton rêve. Laisse-les se dissiper, puis repére simplement l’idée ou la pensée qui vient à sa suite. Ne porte plus aucun jugement de valeurs à ton pressentie, prends-en note. Si des idées s’entremêlent, savoure ta respiration, ressens le renouvellement dans ta poitrine, et resitue toi chronologiquement, repositionne toi au moment où tu te sens le mieux. Il s’agit uniquement d’apprendre à faire l’expérience consciente de ce qui se passe ici et maintenant pour toi. Ne te demande pas pourquoi tu ressens ce que tu ressens, ni pourquoi tu penses ce que tu penses, concentres-toi uniquement sur le “comment”. »
Effectivement, tu vas remarquer que lorsque tu portes ton attention sur les sensations physiques de dépression, ou que tu regardes une pensée anxieuse sans la laisser s’emballer, elle se dissipe peu à peu. Ainsi, petit à petit tu  te rends compte que cet état de dépression n’est pas le tien, mais il est juste à coté de toi. On s’exprimera comme les indiens dans Lucky Luke on ne dira pas : « Je suis déprimé », mais plutôt: « Mon esprit est accompagné de tristesse».
Encore une fois c’est le « comment » qui devrait-être employé et non le « pourquoi ». C’est plus facile de répondre à : « Comment vous avez fait cette recherche ? » que répondre à « Pourquoi avez-vous fait cette recherche ? » La nuance est si frappante, la première question marque beaucoup plus d’intérêt, elle manifeste une forme de motivation implicite, un désir de vous laisser épanouir comme vous semble. N’est-il pas vrai ?
Pour conclure, se demander en forme de « comment » est bien plus bienveillant, un rapport d’intimité se tisse, créer une sensation de compassion probablement illusoire, mais bien plus motivante.  Avouons-le…
Penses-y…
Jamal BENALI
dépression

[1] Doctoriales Midi-Pyrénées, Session Avril 2009.



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