1) Critique : : « Mais pourquoi n'avez-vous pas utilisé la technique ou la méthode XX pour traiter le problème ? », avec le plus souvent le corollaire sous entendu : « il se trouve par le plus grand des hasards que je suis LE spécialiste mondial de la technique/méthode XX ».
Attitude à avoir :
Essayez de prendre l'air intéressé.
Ne dites pas : « j'y avais pensé, coco, mais mon directeur de thèse voulait pas »
Dites plutôt : « je n'ai malheureusement pas eu le temps, dans le cadre de la thèse, de développer cet aspect, mais cela me paraît une ouverture très intéressante pour la poursuite de ce travail ».
2) Critique : « Pourquoi ne mentionnez-vous pas les travaux de XX qui sont pourtant cruciaux pour cette étude ?», avec le plus souvent le corollaire sous-entendu : « Il se trouve par le plus grand des hasards que je suis coauteur de XX, d'ailleurs c'est moi qui l'ai formé ».
Attitude à avoir :
Prenez un air dégagé (évitez cependant de siffloter).
Ne dites pas :«je l'ai lu ton article, coco, mais j'y ai rien compris, tellement il est illisible, d'ailleurs mon directeur de thèse m'a dit que c'était nul »
Dites plutôt : « je n'ai pas mentionné votre travail, car il fait parti des travaux maintenant classiques, de même qu'on ne cite plus les travaux de Newton/Einstein/Dirac ».
3) Critique: 'Bernard Pivot' : « A la page XX de votre mémoire, vous dites que (ZZ) alors que page XX+N vous dites que (YY=nonZZ) », avec le plus souvent le corollaire sous-entendu: « Ce sont les deux seules pages que j'ai lues à fond, pensez si je m'en souviens ! ».
Attitude à avoir :
S'il a raison, c'est-à-dire s'il vous a surpris en flagrant délit de contradiction, vous pouvez essayer de lui démontrer qu'il a tort en enchaînant des arguments filandreux et de mauvaises foi qui noieront (peut-être) le poisson ; pour cela, citez abondamment votre mémoire et notamment les pages comprises entre XX et XX+N.
Par contre s'il a tort, afin de ne pas lui faire sentir son manque total de compréhension du sujet :
Ne dites pas :« si t'avais lu les N pages entre, t'aurais compris qu'il n'y a pas de contradiction ! »
Dites plutôt : « c'est effectivement une des contradictions soulevées par notre travail » ça gagnera du temps pour le pot.
4) Critique : « Et si que vous feriez telles et telles choses et que sûrement ça ferait vachement avancer le sujet, vous ne croyez pas - » classiquement posées par un vieux prof gâteux à qui votre exposé et votre éventuel charme printanier (si vous êtes une fille, quoique..), plus la perspective d'aller bientôt manger gratis, a donné une décharge d'adrénaline/d'enthousiasme juvénile, comme à l'époque d'avant de sombrer dans le scepticisme et le cynisme de bon aloi associé à la profession.
Attitude à avoir :
Essayez de prendre le même air enthousiaste (c'est ce que les zoologues appellent « une posture en écho », elle vise chez les primates supérieurs à manifester l'harmonie du groupe).
Ne dites pas : « De toute façon je commence dans une semaine chez ParisBas pour faire de la finance, alors tes idées ... »
Dites plutôt :« oui »
ça gagnera du temps pour le pot.
5)Critique 'Maître d'Ecole' (d'avant Jules Ferry) : «à la page XX pourquoi manque-t-il deux virgules, à la page XX+1 , deux accents graves, à la page XX+2, un raton laveur etc.. etc.. ? » jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Attitude à avoir :
Évitez de faire comme les autres Membres du Jury, à savoir bailler ou vous endormir.
Ne dites pas :« merci mon gars, laisse-moi ta liste et essaye de poser une question intelligente, ça nous changera, la dictée de Pivot c'était la semaine dernière »
Dites plutôt : rien..., et faite le gros dos en attendant la fin de la pluie en pensant au pot qui va bientôt suivre.
6) Critique: « A la page XX, dans le tableau/la courbe YY pourquoi manque-t-il les incertitudes/les barres d'erreur ? », classiquement suivies d'un discourt philosophiquoprisunic sur la glorieuse incertitude de la physique, la nécessité du recul quant aux grandeurs qu'on mesure et leurs ordres de grandeur, l'apprentissage du doute etc...
Attitude à avoir :
Essayez de prendre un air contrit.
Ne dites pas :« c'est la faute à la secrétaire », d'abord on dit « c'est la faute DE la secrétaire » et de toute façon cette excuse, qui a fait ses preuves il y a 15 ans, est inopérante maintenant que les thésards tapent eux-mêmes leur texte.
Ne dites pas non plus : << dans ce travail, les incertitudes ont été tirées par Monte Carlo/pile ou face mais là, j'avais plus de monnaie. »
Dites plutôt :« je compléterai les données pour le texte définitif».
Cette dernière réponse du type « Après le pot, le déluge » peut d'ailleurs s'utiliser pour toutes questions concernant un oubli, une demande de tableau, de courbes, de textes etc.. supplémentaires.
7) Critique : « Avez-vous calculé la grandeur XX qui est très importante pour blabla... ? », avec le plus souvent le corollaire sous-entendu : « C'est la seule grandeur que je connaisse/sache utiliser pour blabla.. ».
Attitude à avoir :
Essayez de prendre un air entendu.
Ne dites pas :« Ça ne m'a pas traversé l'esprit une seconde »
Dites plutôt :« Bien évidemment, mais j'avoue ne plus avoir l'ordre de grandeur en tête », tout en vous tournant et en redirigeant la question vers votre directeur de thèse, qui prendra la même attitude et fournira la même réponse, parce que, lui aussi, ne tient pas à passer pour un imbécile, tiens donc !
Pour conclure de manière générale, il faut rappeler que si ce Cérémonial des Questions est le plus souvent un moment très pénible pour l'Impétrant, il l'est encore plus pour l'ensemble de l'assistance qui est venue pour se remplir la panse et non pas assister à un duel de rhétorique à fleuret plus ou moins moucheté. On visera donc à la plus grande concision des réponses qui sera un élément déterminant pour gagner du temps pour le pot.
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